Un mélange de force et de douceur se dégage du regard de Jean-Marc Chevallaz. Fin septembre, notre nouveau président nous a longuement reçu à son domicile avec vue sur le Léman de Pully. Sur sa cheminée, une plaque indique avec humour « Place Chevallaz ». La famille est ancrée sur la commune depuis des lustres et depuis plus longtemps encore dans le canton de Vaud et en politique… « Mon oncle Georges-André Chevallaz fut conseiller fédéral et mon père syndic de Pully de 1988 à 2001, tous deux sous la bannière radicale. On a l’engagement dans le sang mais cette hérédité ne m’a jamais pesé. Mon père et moi avons d’ailleurs toujours pris soin de ne jamais nous croiser à des postes à responsabilité pour éviter les soupçons de conflits d’intérêts » , explique le presque quinquagénaire qui officie lui-même à 60% comme municipal PLR dans sa commune depuis 2016.
« J’ai eu une enfance heureuse et sans souci. Je n’ai mesuré ma chance que plus tard en étant confronté aux problèmes, parfois graves, de mes amis ou connaissances avec un recul qui souvent les étonnait. » Chez les Chevallaz, à la table familiale, ça parlait politique mais rarement de politique politicienne. L’intérêt général et l’engagement pour la communauté primaient. « Mes parents ont dirigé l’école hôtelière de Lausanne de 1975 à 1988 et y parlaient à tous de la même manière. Ils ont été très encadrants et aimants avec ma soeur ainée et moi. Chez nous, le mot d’ordre était la liberté de choix. Mon père me disait de passer ma maturité et après de faire ce que je voulais. Je l’ai écouté ! Je n’ai ainsi jamais eu à entrer dans des chaussures qui n’étaient pas à ma taille ou pas à mon goût. C’est assez libérateur…»
« Construire des ponts »
Chez les Chevallaz, la responsabilité individuelle était une valeur cardinale. « Nos parents nous ont appris à ne jamais mettre la faute sur les autres et à assumer les conséquences de nos actes. Cette façon de voir était la même à l’Ecole Nouvelle de la Suisse Romande où j’ai fait une partie de ma scolarité au sortir du Collège Champittet. Là, on faisait beaucoup de sport et on avait le droit à la parole. Les deux me sont restés. Aujourd’hui, après avoir pratiqué le foot, le golf et le karaté, j’adore aller skier depuis notre chalet familial des Moulins dans le Pays-d’Enhaut. Et j’aime aussi toujours aller vers les autres pour les écouter, discuter avec eux et construire ensemble des ponts en sachant où aller. »
À l’école, le bien occupé, Jean-Marc Chevallaz confesse aussi avoir eu peu de facilité. « Les choses ne me sont jamais arrivées toutes cuites dans le bec, j’ai toujours dû bosser pour obtenir quelque chose… ». Cette combativité permettra au jeune homme de devenir économiste d’entreprise, un métier vers lequel sa « passion des chiffres et de ce qu’ils cachaient » le menait. Il exerça cette activité dans plusieurs entreprises telles que KPMG ou encore Bobst, avant de créer sa propre société fiduciaire en 2010. « Au fil de ma vie professionnelle, je me suis toujours efforcé de rester calé sur mes valeurs et de ne jamais me laisser prendre au piège du tout, tout de suite… On passe un tiers de sa vie au travail donc il faut que ce que l’on fait soit humainement nourrissant ! Dès lors, quand je n’étais plus aligné avec les valeurs de l’entreprise qui m’employait, je partais ! »
Sa fille comme un maître
Le quadragénaire est entré à l’EFV comme trésorier en 2013 à la demande de son « père spirituel en politique », à savoir notre ancien président Martial Lambert. Il endosse son nouveau rôle, après deux ans de vice-présidence, avec l’envie d’avancer. « Seul, tu avances plus vite mais ensemble, tu avances plus loin et ma préférence va clairement à cette seconde option », explique le Pulliéran. Lui et son épouse Karine, une femme de caractère qui est comptable de profession, se sont mariés en secondes noces. De leur union est née une petite Maïla, désormais âgée de 10 ans. « Nous lui apprenons à cultiver l’ouverture et à savoir prendre sa place sans agressivité. Elle nous apprend à devenir de meilleurs parents en cultivant l’écoute, la patience, le dialogue mais aussi la fermeté… J’admire l’imagination des enfants. Ils ont peu de barrières mentales et nous invitent à voir nos problèmes sous d’autres angles », constate notre président qui a su faire réémerger cette capacité en lui.
Pendant son rare temps-libre, il aime dévorer des livres notamment politiques, historiques ou de gestion d’entreprise. Cela aiguise son recul sur les choses. Au cours de l’actuelle crise sanitaire, cette qualité lui est très utile. Jean-Marc Chevallaz n’a pas aimé le traitement alarmiste adopté par nombre de médias pendant le covid. De son côté, il s’est échiné à mettre en place des mesures concrètes pour soulager ses administrés confinés ou pour rassurer ses clients en difficulté. L’homme se verrait bien poursuivre encore quelques années en politique. « A ces postes, il ne faut jamais prendre la critique ou les inévitables échecs personnellement et être capable de se relever et d’avancer dès que tu as un genou à terre… » On l’en sait capable.
Laurent Grabet, Rédacteur en chef du jef
Article paru dans le jef d'octobre 2021