Portrait d'Ania Bloch devant un dessin d'Eva

Peut-être pleurerez-vous en lisant le témoignage d’Ania Bloch dans ce JEF 2, comme nous en l’écrivant. Et peut-être que cela vous fera du bien… Cette maman a vécu le pire qu’un parent puisse imaginer. La vie de sa petite Eva a été fracassée dans un accident de voiture. C’était en octobre 2002, mais pour elle, c’était hier. Eva était joyeuse. Elle aimait lire et partager. Pourtant, la Lausannoise et son ex-compagnon ont dû la laisser partir vers cet « invisible » que leur fillette pressentait si fort. C’était inéluctable, triste à s’arracher le cœur mais beau aussi. Beau car Ania Bloch a trouvé en elle la force de laisser cette tragédie la traverser. Et, même si sa vie reste un défi aujourd’hui, la quadragénaire incarne la résilience et le stoïcisme des Grecs anciens mieux que de longs discours. Elle a choisi de continuer à dire « oui ! » à la vie. Contre vents et marées, elle a aussi choisi de se nourrir de la gratitude d’avoir pu grandir auprès de sa fille unique 9 années durant. Son acceptation de l’inacceptable et la tristesse qui lui travaille encore le cœur la rendent meilleure. Plus aimante. Et pour nous, sans forcémment le vouloir, Ania Bloch sonne donc le tocsin... Son témoignage, plein de pudeur, impose cette dérangeante question : « et si ça m’était arrivé à moi ? » Il résonne aussi et surtout comme une invitation à mettre de la présence et de la conscience dans les relations qui nous unissent à ceux qu’on aime. Si peu nous y pousse dans le monde déboussolé et agité qui est le nôtre ! Pourtant, à l’heure dite, ce ne sont ni nos titres de gloire ni nos succès qui resteront, non ! Seul l’amour et les souffrances, données et reçues, survivront et sèmeront de bonnes ou de mauvaises graines parmi les générations suivantes. La petite Eva, elle, est bien morte. Son histoire portera de bons fruits dans le cœur de ceux qui réussiront les cueillir… Et nous savons qu’ils seront très nombreux parmi nos lecteurs.

Laurent Grabet, rédacteur en chef du JEF