Il y a à peine 5 ans, Nadia Zavyalova et les siens débarquaient en Suisse pour des raisons professionnelles et familiales. Mi-novembre, lors de notre dernière assemblée générale, l’élégante comptable russe de 38 ans était déjà élue au Comité de notre faitière au poste de trésorières évidemment.

Nadia est née en 1984 en Sibérie. Elle est la cadette d’une fratrie de trois enfants. Son père est médecin urgentiste et sa mère, éducatrice dans une garderie. D’eux, elle tient un côté humain mais aussi un sens de la discipline et de la rigueur peu communs.

« Enfant, j’ai étudié le piano dans une école spécialisée pendant neuf ans. Chaque soir, mon père passait deux heures à me faire répéter. Nous en avons gardé une relation riche et remplie d’amour qui me porte encore aujourd’hui », confesse doucement la jeune femme attablée dans un bistrot lausannois. Enfant, elle endosse tout naturellement le rôle aimant de protectrice de sa jeune soeur, de dix années sa cadette. « Elle est belle et brillante et reste mon ange pour toujours. On partage beaucoup même si elle habite toujours au pays. »

À l’EFV pour parfaire son français

Au moment de choisir une carrière, Nadia envisage de suivre la voie paternelle. Mais son père la jugeant trop ardue, elle se rabat avec bonheur vers la comptabilité. « À l’école, les mathématiques et la physique me passionnaient. Les chiffres me fascinaient et aujourd’hui encore j’aime les faire aimer en racontant ce qu’ils recouvrent, à savoir bien souvent des histoires de chair et de sang comme ce don que nous avait concédé une femme par testament et qui nous avait permis au final d’être in-extremis dans les chiffres rouges cette année-là… » Devenue comptable puis experte comptable, la Sibérienne travaille 9 ans dans ce secteur en Russie. Un fils lui est donné en 2007. « Aujourd’hui âgé de 15 ans, il a un physique solide très sibérien, rêve de devenir pilote et a déjà plusieurs brevets aéronautiques à son actif. Je suis si fière de lui ! »

Par pudeur, sa maman préfère ne pas parler de son compagnon. À leur arrivée en Suisse, après quelques mois passés à Rennes en Bretagne, elle s’est attelée à améliorer son français alors balbutiant. C’est ainsi que sa route a croisé celle de l’EFV. « J’ai suivi les cours de français qui débutaient alors dans la section de Saint-Prex et grâce à la bienveillance et au professionnalisme de Jacqueline Moreillon et Janine Denonin, j’ai progressé rapidement. » Aujourd’hui, la trésorière parle français couramment avec l’accent charmant de ses ancêtres et elle dispense elle-même des cours de français de base à des réfugiés notamment ukrainiens.

Plus difficile et plus intéressant…

Celle qui est habitée de l’envie de s’améliorer et qui y parvient en procédant étape par étape, devient trésorière de la section de St-Prex en 2019. « Ma prédécesseur Pierrette Golay m’a passé le témoin avec beaucoup de bienveillance », souligne la trentenaire qui n’est pas du genre à tirer la couverture à elle. Pas le genre non plus à se victimiser ou à ressasser les mauvais souvenirs. A sa demande, nous n’évoquerons pas à nouveau le douloureux sujet de la guerre en Ukraine aujourd’hui (voir notre article du JEF d’avril dernier).

En Suisse, Nadia s’est découvert un amour de la montagne via son club alpin russophone. La randonnée l’a menée à la via ferrata puis à l’escalade et cet été, elle escaladait son premier 4000, le Bishorn. Progression toujours. Pas si lentement mais surement. Après avoir enchainé les stages, pour intégrer les standards de la comptabilité suisse, Nadia Zavyalova travaille désormais dans une entreprise de la région. Lorsqu’on lui fait remarquer que les défis qu’elle relève sont de plus en plus difficiles, elle nous corrige en souriant, soulignant par là même un trait central de sa personnalité : « je préfère dire ‘‘plus intéressant’’ que ‘‘plus difficile’’… »

Laurent Grabet, Rédacteur en chef du jef
Article paru dans le jef de décembre 2022