« L’épanouissement personnel peut passer par une fécondité de l’engagement que notre société de l’ego et de l’entresoi n’encourage pas nécessairement… » Le Comité de l’EFV se réjouit de compter dans ses rangs une riche personnalité de plus. Anne Sandoz Dutoit est fille unique. Elle est née le 2 octobre 1966 à Lausanne. Son papa fut avocat puis juge cantonal, après avoir siégé au conseil communal et, brièvement, au Grand Conseil vaudois sous la bannière libérale. Sa maman, qui rédigeait alors sa thèse de doctorat, fut mère au foyer jusqu’au décès prématuré de son mari. La famille habitait Pully. « Chez nous, l’engagement allait de soi. Dans l’armée, en politique comme à l’église… J’ai été élevée dans cette idée que liberté et responsabilité vont de pair. Ne pas être une simple consommatrice de ce que notre société peut nous apporter mais lui donner aussi…» explique la dynamique quinquagénaire. Notons que son père avait d’ailleurs présidé l’association des aides familiales lausannoises…

L’école ? La jeune Anne s’y ennuyait. Les notes, la compétition et la pression l’angoissaient. Elle était malgré tout « bosseuse et bonne élève par tradition familiale ». « J’aimais apprendre et je dévore des livres depuis l’enfance. » Ado, elle tombe « dans la marmite jungienne » grâce à la maman d’une amie. L’approche psychologique de Carl Gustav Jung vient nourrir son cheminement spirituel dans une paroisse protestante très vivante. Jeune adulte, elle se lance dans des études en génie forestier à l’EPFZ mais jette l’éponge après une année. « Je n’avais qu’une moitié du cerveau qui fonctionnait. Celle de la rationalité. Je le sentais physiquement. Il me manquait quelque chose et puis je n’avais pas vraiment l’esprit d’une ingénieure… »

Deux enfants et un Bachelor en théologie

Pour améliorer son suisse allemand, la jeune femme travaille à Zurich comme vendeuse dans une Coop locale. Puis elle fait une école de recrues dans ce qui s’appelait alors le service féminin de l’armée. L’expérience déçoit la jeune femme pourtant entourée d’officiers dans sa famille. « Ce fut très riche humainement mais aussi très décevant au niveau organisationnel… » Anne boucle ensuite une licence en lettres à l’Unil. Peu après, elle rencontre son futur mari Jean-René à un mariage. « Le coup classique », s’amuse-t-elle. Lui est alors pharmacien dans l’industrie, qu’il quittera par la suite pour devenir entraîneur d’aviron. Ils se marient en 1994. Un an plus tard naît leur fils Sébastien, aujourd’hui polymécanicien à l’EPFL et grand sportif. Irène suivra en 2000, actuellement étudiante en Bachelor « Musique et Théâtre » en Angleterre.

Après avoir été collaboratrice scientifique dans l’administration fédérale, traductrice à la Croix Rouge suisse puis traductrice indépendante, Anne choisit de se consacrer à ses enfants. Son mari et elle deviennent membres de l’Entraide de Saint-Prex via la garderie locale. « La maternité a été une expérience belle et rude à la fois. Grâce à nos enfants, j’ai découvert d’autres univers et d’autres formes d’intelligences, je dois sans cesse me remettre en question », résumet- elle. « Les liens et les relations, c’est ce qui me fait vivre mais j’ai aussi besoin de moments de solitude et de méditation… », reprend la Vaudoise qui a obtenu un Bachelor en théologie en 2010. Au rayon de ses nombreuses activités bénévoles, notons qu’elle fit de l’accompagnement individuel en EMS pendant presque dix ans.

Le covid comme révélateur

Selon elle, la crise du covid a mis en lumière les dysfonctionnements de notre société : « volonté de tout maîtriser, refus des limites humaines, crispation sur des mesures de contrôle exagérées ou encore vision manichéenne du monde... » Mais la pandémie a aussi donné envie à Anne de s’investir autrement. En 2019, elle arrivait en effet au bout d’une riche législature au sein d’un conseil régional de l’église réformée vaudoise et en 2020 elle cessait son activité en EMS en raison de la pandémie. Une annonce parue dans notre journal a alors retenu son attention… Au sein du Comité de notre organisation, elle espère « être à l’écoute du terrain, favoriser les synergies et soutenir les associations dans leur inventivité propre ». Le tout en restant fidèle à ce qui pourrait être sa devise : « faire avec, faire ensemble et non pas faire pour ». « Don et contre-don sont liés. Rien n’est à nous en ce monde. Tout nous est confié. Ainsi seulement, la Vie circule au lieu d’être bloquée », conclut joliment Anne.

Laurent Grabet, Rédacteur en chef du jef
Article paru dans le jef d'août 2022